Les années 60

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NOUS AVIONS 10 ANS A PEINE

Annie Chancel naît le 16 août 1945 dans le pavillon de ses grands-parents maternels à Créteil, en banlieue sud parisienne.

Elle passe son enfance dans le 13è arrondissement de Paris au 4è étage d’un immeuble, situé 9 rue du docteur Charles Richet, et effectue sa scolarité à l’école communale des jeunes filles, rue de Patay.

La jeune fille suit les conseils de son professeur de chant, Madame Caen en participant à un concours aux chœurs de la R.T.F Télévision, mais se fait recaler à cause de sa voix qui mue.

L’adolescente obtient son certificat d’études et entre dans une école de la rue du Châteaux des Rentiers pour étudier la comptabilité.

Elle veut devenir danseuse classique, écuyère ou acrobate et passe un examen d’entrée devant le chorégraphe Serge Lifar à l’Opéra Garnier, sans succès à cause de sa grandeur.

En 1962, Annie travaille tous les matins avec ses parents sur les marchés et l’après midi, continue de suivre des cours de comptabilité. Dans la salle à manger de ses parents qui lui sert également de chambre, elle possède son petit coin en y collant des affiches de Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires, Ricky Nelson, Elvis Presley, Jean-Louis Trintignant, etc.

Passionnée de musique, l’adolescente se renseigne où se jouent les groupes musicaux. Avec son copain Alain Tordjman (Alain Daumas), la jeune fille se rend dans un vieux Théâtre Municipal à Charenton le Pont. Ils y trouvent Claude Piron (Danny Boy) en compagnie de l’orchestre les Pénitents dont le batteur José Anfonso, le bassiste Didier Pastor, le guitariste rythmique Ra-Laï et le guitariste soliste Bruno Raveloson. Ce dernier lui demande de répéter avec eux pour un certain temps et accepte en restant quelques jours. Le guitariste Paul Benaïm, frère de William Benaïm du groupe les Chaussettes Noires, accompagne occasionnellement les Pénitents et devient ami avec Annie Chancel et Alain Tordjman (Alain Daumas). Quelques temps plus tard et après une séparation avec ce dernier, elle souhaite créer un orchestre avec Paul Benaïm mais celui-ci ne peut pas car il est souvent demandé pour des galas.

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LES GUITARES BROTHERS

En revanche, il lui présente un autre groupe les Guitares Brothers avec Alain Desplanches à la guitare rythmique, Pierre Desplanches à la guitare solo, Gilbert Guillemin à la batterie et Martin Tusseau (Tony) à la basse. Pierre Desplanches va chercher souvent la jeune fille sur les marchés et aide ses parents à remballer avant de rejoindre le groupe pour répéter, dans un ancien local de la S.N.E.C.M.A devenu un cinéma désaffecté situé, rue d’Arcueil dans le 14è en face à la Cité Universitaire. Annie prend un pseudonyme intitulé « Anny Chaussenac », un nom provenant d’une commune du Cantal en Auvergne, où sa famille paternelle vivait.

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GOLF DROUOT

Le guitariste Alain Desplanches (Guitares Brothers) se rend au Golf Drouot à Paris 9è, pour demander une audition auprès du directeur de l’établissement, Henri Leproux. Il veut inscrire le groupe au tremplin, patronné par La Presse Magazine où des jeunes musiciens souhaitent participer et être connus. Claude Carrère est à la recherche d’une jeune chanteuse qui prendra le pseudonyme « Sheila », l’adaptation qu’il vient de faire pour Lucky Blondo. Le directeur du Golf Drouot informe Claude Carrère, qu’un groupe (les Guitares Brothers) cherche à auditionner. Il passe les écouter en leur demandant si la jeune fille chante. Aussitôt, elle commence « Sur ma plage » de Dick Rivers & les Chats Sauvages. Claude Carrère l’interrompt pour en demander une autre. Annie entame « Chariot » de Pétula Clark, mais il souhaite entendre de nouveau une autre chanson. Elle termine en interprétant « Je chante doucement » également de Pétula Clark. Claude Carrère revient le lendemain avec le directeur artistique Jacques Plait (Disques Philips). Il dirige la partie des variétés avec 17 artistes de tous les styles. Séduits par la voix claire et aiguë de l’adolescente, ils décident de l’écouter en studio.

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PRODUCTION CARRÈRE & PLAIT

Claude Carrère et Jacques Plait créent un label de production « Production Carrère & Plait ». Ils deviennent les premiers producteurs indépendants et exclusifs pour une chanteuse en France en possédant son catalogue, ses enregistrements et non à la maison de disques. Étant mineure, ses parents signent un contrat d’exclusivité le 15 septembre 1962, avec Claude Carrère et Jacques Plait. Les deux producteurs lui donnent le pseudonyme « Sheila », car Claude Carrère prévoit de lui écrire la version féminine de Lucky Blondo. Ils fixent les royalties à 3% du prix de gros sur les ventes de disques après la déduction des frais qui mélangeront les avantages en nature et les vinyles, sur une fiche de paie mensuelle en tant que « chanteuse salariée » pendant 20 ans.

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Lien détaillé : « L’enfance et l’adolescence »

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JOLIE PETITE « SHEILA »

Très vite le 13 novembre 1962, Sheila sort son 1er 45 Tours « Sheila ». Les Disques Philips financent une partie de la production du disque. Lors de la préparation et n’ayant pas encore de bureau, Claude Carrère l’emmena en voiture pour répéter les quatre chansons. Il recruta l’orchestrateur Jean Claudric et pour sonner américain, le baptisa Sam Clayton. Petit à petit, elle le surnommera « Le Grand Sam ». Les Disques Philips envoient l’attaché de presse Louis Nucéra, aidé de Colette Plait pour la promo. Celle-ci travaille dans le service des relations publiques des Éditions Musicales Francis Day et possède un bon carnet d’adresses, puisqu’elle connaît bien les radios, la télévision, etc.

Sheila apparaît pour la première fois à la télévision le 3 décembre 1962, dans l’émission Toute la chanson d’André Salvet. Ayant peur du direct, Claude Carrère lui fait enregistrer la séquence par le réalisateur Robert Valey, habillée en pyjama dans un décor de chambre d’une jeune fille.

Étant restée très proche avec Alain Desplanches (Guitares Brothers), elle continue de fréquenter le Golf Drouot. C’est quelqu’un du vestiaire, qui lui apprend à danser le twist.

Avec le soutien des Disques Philips, Claude Carrère fait le tour des éditeurs pour construire son carnet d’adresses des médias et d’auteurs-compositeurs, qui lui joueront les chansons le plus souvent au piano chez le producteur en compagnie de la jeune chanteuse.

L’attachée de presse Colette Plait se ballade dans les stations de radio et patiente tous les jours avec le disque sous le bras, dans l’espoir d’un passage de la chanson « Sheila ». Le résultat de ce premier disque reste encore assez faible pour qu’il soit considéré comme un succès, mais avec la préparation et la sortie du suivant, il connaîtra un succès d’estime quelques mois plus tard.

Lien détaillé : « Jolie petite Sheila »

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L’ÉCOLE EST FINIE

Selon un système d’emprunt, Charles Riniéri (Responsable des Éditions Raoul Breton) aide Claude Carrère en payant la production du deuxième 45 Tours « L’école est finie », qui parait le 13 février 1963. Il fallait un titre à l’image de la nouvelle chanteuse et Claude Carrère composa une mélodie, en essayant de trouver un thème destiné au jeune public. L’attachée de presse Colette Plait et son mari Jacques Plait y apportèrent des idées avec leurs enfants, ainsi que l’auteur André Salvet.

Jacques Plait met en place avec Claude Carrère, une campagne d’affichage dans les rues de Paris.

Pour la pochette du disque, le photographe Stan Wiezniak (Disques Philips) souhaitait un cliché qui sort de l’ordinaire et demanda à Annie Bois (Service Publicité des Disques Philips), de trouver une coiffure amusante comme des couettes par exemple. Le Disc jockey François Patrice (Club Saint-Hilaire) sert d’intermédiaire à Claude Carrère et Jacques Plait, pour l’adresse d’un coiffeur Michel Mastey. Lors des essayages pour la coiffure, il aperçoit sur une table un bouquet de fleurs avec deux petits nœuds roses. Le coiffeur les prend en les mettant de chaque côté du visage, pour en faire des toutes petites couettes. Les producteurs mettent le magnétophone avec la bande du titre « L’école est finie » et demandèrent à Sheila de twister dessus pour un essai, devant les clientes du salon.

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Après une première télévision, petit à petit un miracle se produit entre la nouvelle chanteuse et le public. Les producteurs de radios et de télévisions, les organisateurs de galas et les journalistes veulent la voir. Ses chansons incarnent des moments de vies que les gens désirent inconsciemment écouter. Elles proviennent du contenu avec le son, la coiffure, les tenues sages et décontractées conseillées par Louis Féraud (Boutique Marie-Martine), pour la jupe écossaise, le twin-set vert, les chemises Odilène, etc. Cette boutique est réputée pour avoir habillé Brigitte Bardot, qui porte la même jupe à carreaux avec sa chanson « L’appareil à sous ». Sheila respire la naïveté avec ses yeux pétillants, le sourire aux lèvres, le tout accompagné d’un optimisme et de joie de vivre. C’est le temps de l’insouciance, celui d’une jeunesse reconnue assimilée à un pouvoir d’achat. Elle se trouve au premier rang des idoles des jeunes avec une popularité la plus extrême. Son public contient des jeunes enfants, des adolescents et des familles réconciliés avec les yé-yé. La chanteuse restera un phénomène évident au niveau des ventes de disques. Sa chanson est l’hymne de l’année et de tout un pays où la jeune idole devient populaire et sympa, en se prêtant à tous les jeux et rentre désormais dans le cœur des français. Durant ces années 60 et 70, Sheila se positionnera à la première place des artistes féminines. Chaque super E.P (4 titres) ou single (2 titres) se classera dans le Top 15 mensuel officiel français.

Lien détaillé : « L’école est finie »

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PENDANT LES VACANCES

PREMIÈRE SURPRISE-PARTIE

Puisque rien n’est encore gagné, Claude Carrère devient l’homme le plus angoissé du monde et le plus pressé. Il pense déjà à l’avenir avec d’autres idées pour les prochains disques car après le thème sur la sortie des cours « L’école est finie », l’évolution se fait progressivement, avec des chansons sur les premiers flirts « Pendant les vacances » et les premières boums « Première surprise-partie ». Le producteur inventera le marketing avant l’heure et les futurs sites Internet d’artiste en utilisant la télévision comme support où chaque chanson deviendra visuelle, accompagnée d’une chorégraphie différente.

Lien détaillé : « Pendant les vacances »

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L’ANNÉE DU BAC

Des cinéastes lui font plusieurs propositions de films dont un rôle principal dans « L’année du bac » par José André Lacour et Maurice Delbez, d’après une pièce de théâtre. Claude Carrère préfère s’abstenir à une participation chantée. Sheila tourne le 24 juillet 1963, un court dialogue dans les Studios de Cinéma à Épinay sur Seine. Elle y chante au générique une nouvelle chanson « Cette année-là », devant la presse et les photographes. Les acteurs de ce long métrage feront une polémique de cet événement, ayant peur d’être écrasé par la popularité extrême de la nouvelle artiste.

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LE SIFFLET DES COPAINS

Pour la rentrée, Claude Carrère continue dans le domaine de l’adolescente pré-adulte, et entre dans le temps des copains « Le sifflet des copains » avec la participation de Coco et David Andrianamonjv (les Surfs) en tant que choristes. Pour ce titre, le producteur trouve la bonne méthode de faire du succès sur des paroles courtes, alors qu’André Salvet voulait enrichir le texte.

Lien détaillé : « Le siffle des copains »

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LES GUITARES

En se rendant au Golf Drouot et par l’intermédiaire d’Henri Leproux, Claude Carrère recrute des nouveaux musiciens les Blue Jets Guitares et les rebaptise Les Guitares. Sheila reçoit la médaille du Club des Euphoristes « Ordre des Chevaliers des Euphoristes » pour sa bonne humeur, sa joie de vivre et ses chansons optimistes en luttant dans sa façon contre le mal du siècle, la « dépression nerveuse ».

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C.O.P : CARRÈRE OLIVIER PLAIT

Petit à petit des projets de scène se confirment, la jeune idole partira en tournée à la rencontre de son vrai public en province. Claude Carrère et Jacques Plait s’associent avec Georges Olivier, en créant un label de production : « C.O.P : Carrère Olivier Plait » pour les galas.

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LA TOURNÉE DU SIÈCLE (1963)

A partir du 15 octobre 1963, la tournée commence au Cinéma l’Empire à Reims. La première partie est présentée par Bernard Haller, avec plusieurs artistes dont Frank Alamo et les Surfs, puis Sheila démarre directement en deuxième partie. Lors de son passage à Bourges, l’intégralité du récital est diffusé le 24 octobre 1963, dans le Musicorama sur Europe 1, ainsi que celui de Marseille, le 31 octobre 1963 sur Radio Monté-Carlo. En pleine tournée au Havre, elle fait un aller et retour le 23 novembre 1963 à Paris pour recevoir le « Grand Prix du Disque National 1964 : Francis Carco de l’Académie du Disque Français », remis par Georges Auric avec Claude François et Nana Mouskouri. Le chanteur Frank Alamo gardera un excellent souvenir de cette tournée appelée « La Tournée du Siècle » dans les salles de 2.000 personnes, avec parfois autant dehors, qui se fait à guichets fermés car toutes les places se retiennent à l’avance.

Sheila et ses parents emménagent au 26 rue Étienne Bézout, à Paris 14è dans un appartement de 4 pièces.

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CLUB SHEILA

Le 13 janvier 1964, Claude Carrère crée le « Club Sheila » en compagnie de Colette Plait et Christiane qui s’occupent du courrier. Un magazine paraîtra avec 10 numéros par an « Le Journal de Sheila » jusqu’en 1981, comprenant 10.000 adhérents pour commencer et les inscriptions se multiplieront petit à petit.

A partir du 24 janvier 1964, elle enregistre quelques épisodes avec Danny Boy, Jean-Pierre Rampal et Yves Renier, un feuilleton radiophonique « Les aventures extraordinaires de Sheila », dans le cadre de l’émission Balzac 10.10 sur Radio Luxembourg.

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HELLO PETITE FILLE

Avant de repartir en tournée, la chanteuse publie son nouveau 45 Tours « Hello petite fille ».

Lien détaillé : « Hello petite fille »

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LA BOUTIQUE DE SHEILA

Le 13 février 1964, en collaboration avec Claude Carrère, elle place son argent dans une affaire de confection en gros. Ils créent une griffe de mode « La Boutique de Sheila » avec des modèles disponibles pour les jeunes filles, dans les grands magasins de France comme les Galeries Lafayette, etc. Le manager loue un local de 7 pièces, comprenant 300 M² au 3è étage pour le côté boutique et le 5è étage pour les ateliers se trouvant 12 rue des Jeûneurs à Paris 2è. Ses parents deviennent gérants de cette affaire et salariés des Production Carrère et Plait jusqu’à leurs retraites. Pendant 20 ans un système commence à s’installer où tout le monde dépendra de tout le monde, c’est-à-dire au final de Claude Carrère déjà homme d’affaires redoutable avec Sheila, représentant une source de bénéfices.

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LA TOURNÉE DU SIÈCLE (1964)

Dès le 20 février 1964, elle reprend sa tournée à travers la France. Lors de son passage à Lyon du 28 février au 1er mars 1964, Claude Carrère demande à Umberto Petrucci qui tient un salon de coiffure là-bas, de contacter ses relations. Il réussit à réunir les photographes, la presse locale et la télévision à l’occasion d’un reportage dans Rhône Alpes Actualités par le réalisateur Georges Barrier. Le centre ville est bloqué avec le public en pleine folie, voulant approcher la jeune idole en compagnie des pompiers, de la police, etc. Le coiffeur crée pour l’événement une ligne de coiffure et Sheila en devient la marraine. Vu le succès considérable, le producteur lui propose de venir les rejoindre à Paris pour travailler en équipe. La tournée est un énorme succès, elle fait complet partout et donne des séances de dédicaces après les galas dans chaque ville jusqu’à épuisement. Suite au surmenage de la tournée, la chanteuse subit des hémorragies chaque jour et perd du poids. A 17 ans et demi, sa croissance n’est pas vraiment terminée et un dérèglement pourrait arriver. L’artiste passe donc des examens médicaux. Un professeur médical lui trouve un excès d’hormones avec un dérèglement glandulaire ayant entraîné des hémorragies internes, provoquant ainsi une grave anémie pernicieuse et délicate à soigner. Sheila commence un traitement, pour regagner ses kilos et part en convalescence. Elle se voit dans l’obligation d’annuler ses passages, dans beaucoup de villes.

Entre-temps le 30 avril 1964, l’artiste reçoit le « Prix de la S.A.C.E.M » pour « L’école est finie » au siège de la Société des Auteurs-Compositeurs et Éditeurs de Musique.

Claude Carrère calcule vraiment tout, même le look de sa chanteuse. Pour ne pas traumatiser le public, il organise médiatiquement l’enlèvement d’une couette lors d’un journal télévisé de 20 heures du 08 mai 1964, afin que les gens puissent s’habituer à cette nouvelle coiffure et surtout de continuer à faire évoluer le personnage.

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CHAQUE INSTANT DE CHAQUE JOUR

Le 45 Tours « Chaque instant de chaque jour » paraît pour l’été. Sheila interprète la vie des jeunes filles de l’époque, avec un petit clin d’œil sur l’enlèvement de sa couette pour la chanson « Je n’ai pas changé ». Elle est accompagnée par l’orchestre de Jean Claudric (Sam Clayton), les Guitares et une trentaine de musiciens.

Claude Carrère lui annule la tournée d’été des plages, prévue dans 58 casinos maritimes de Dunkerque à Monté-Carlo. Il évoque le repos obligatoire de la chanteuse en prétextant cette cause, alors qu’elle pouvait rechanter sur scène en se ménageant mieux cette fois ci. Désormais le producteur va se consacrer uniquement au système du disque et de la télévision, qui pour lui sera bien plus rentable que la scène. C’est un système de carrière qui ne s’était jamais vu avant, avec le principe de gagner beaucoup d’argent sans l’investir dans un spectacle. Pendant toutes ces années, Sheila vivra de nouveau dans l’espoir de faire un show devant un public. Claude Carrère lui promettra souvent des prestations scéniques qui ne se feront jamais, jusqu’au jour où la corde cassera.

Lors de ses vacances d’été, elle accorde des interviews à plusieurs journalistes, dont Gérard De Villiers avec le photographe Didier Hamel pour France Dimanche. La chanteuse se confie avec humour, le principe de son traitement à base d’hormones mâles pour son dérèglement glandulaire à l’origine de ses malaises. L’hebdomadaire titre « Sheila risque de devenir un homme ». Malheureusement cet article va se transformer sous le signe de la rumeur de façon très sordide et il est inutile d’évoquer tous ces ragots, qui psychologiquement lui feront le plus grand mal.

Le 18 septembre 1964, elle passe son permis de conduire devant le public, les photographes, les journalistes, etc.

Lien détaillé : « Chaque instant de chaque jour »

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VOUS LES COPAINS, JE NE VOUS OUBLIERAI JAMAIS

ÉCOUTE CE DISQUE

La chanteuse vient d’avoir 19 ans et interprète des chansons qui correspondent à son âge. C’est la fin de l’adolescence avec « Vous les copains je ne vous oublierai jamais » vers le monde des jeunes adultes. Sheila propose également « Écoute ce disque » d’après une idée de Jacques Plait, qui ressemble à une invitation pour sensibiliser le public. Elle devient un phénomène de société, adulée de tous les jeunes, la petite fille de toutes les familles, qui l’adorent et suivent tous ses faits et gestes, dans la presse.

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Umberto Petrucci « Le coiffeur chantant » accepte la proposition de Claude Carrère en rejoignant l’équipe des Production Carrère et Plait. Il devient l’attaché de presse, ainsi que le secrétaire et le chauffeur de la chanteuse. Il fera l’interface entre Sheila et les médias en inventant le système de promotion directement avec le relationnel, où l’on rencontre les gens un par un, comme les journalistes, les programmateurs de radios, les disquaires des dancings et adaptera un discours à chaque personnalité, par support. Tout le métier le surnommera « Mémé », mais c’est d’abord l’animateur Hubert Wayaffe (Europe 1), qui s’amusera à le baptiser de cette façon. La chanteuse le fera aussi, car Umberto Pettucci deviendra son meilleur ami, son confident et l’organisateur de son emploi du temps.

Le producteur embauche une secrétaire et assistante Noëlle Guegnault, pour les Production Carrère et Plait. Elle y restera de nombreuses années, puis sera partagée entre son patron et la chanteuse en essayant de « ménager la chèvre et le chou », tout en se rangeant du côté du plus fort « la direction ! ».

En février 1965, Sheila reçoit l’ « Oscar Féminin R.M.C (Radio Monté-Carlo) » considérée comme l’artiste, la plus populaire de la station monégasque avec la présence du chanteur Claude François.

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Lien détaillé : « Écoute ce disque »

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TOUJOURS DES BEAUX JOURS

La voix de la chanteuse évolue complètement et se sent tout à fait à l’aise en studio avec ce 45 Tours « Toujours des beaux jours ». Sheila interprète des textes optimistes et les problèmes de flirts « Je ris et je pleure », coécrit par le chanteur Jean-Jacques Debout, engagé par l’éditeur Raoul Breton en tant que coursier pour livrer des partitions. Elle enregistre « Il suffit d’un garçon : N°4 » sur une musique de Mitch Murray. Il a eu le pouvoir d’écrire quelques mélodies pour des artistes français par un éditeur de musique, en composant des musiques différentes numérotées de 1 à 6. Son succès dépasse les frontières en se classant jusqu’au Japon et + de 40.000 fans sont adhérents du Club Sheila.

Le 8 avril 1965, elle reçoit la « Coupe d’Or : Prix du Bon Goût Français et Grand Prix de la Mode 1965, La Boutique de Sheila » et sa collection Automne-Hiver 65.

Les 12, 13 et 14 mai 1965, la chanteuse vit 3 journées bien remplies dans la bousculade, les autographes, les photographes et les journalistes à Cannes. Sheila est invitée au Gala d’Ouverture du 18è Festival de Cannes par le président de l’événement Otto Preminger. Elle fait son apparition au Palais des Festivals, habillée d’une robe du couturier Guy Laroche et accompagnée de celui-ci.

Lien détaillé « Toujours des beaux jours »

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ÉDITIONS CLAUDE CARRÈRE

Le producteur crée un label d’éditions : « Éditions Claude Carrère S.A.R.L », au 89 Rue de la Boétie à Paris 8è. Les chansons de Sheila feront partie du catalogue des éditions du manager.

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C’EST TOI QUE J’AIME

Sheila sort « C’est toi que j’aime » l’un des slows romantiques de l’été, avec d’autres chansons dont « Il fait chaud » correspondant à l’ambiance de la saison et chorégraphié avec des danseurs, puis « Il faut se quitter » coécrit par Jacques Revaux, célèbre auteur-compositeur de Claude François et plus tard de Michel Sardou. Le Club Sheila continue d’augmenter en compagnie de 43.000 adhérents.

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Lien détaillé « C’est toi que j’aime »

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PRODUCTIONS CLAUDE CARRÈRE

Jacques Plait met fin à sa collaboration le 13 septembre 1965, avec Claude Carrère (Production Carrère et Plait). Engagé par Jean-Jacques Souplet (C.B.S), il prendra en charge la carrière d’un nouvel artiste Joe Dassin. Claude Carrère continue en créant un nouveau label « Productions Claude Carrère », et restera le seul producteur de la chanteuse.

Après la griffe distribuée dans les grands magasins, elle inaugure le 18 septembre 1965, un premier magasin La Boutique de Sheila à Orléans.

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DEVANT LE JUKE-BOX

Claude Carrère publie un duo entre son nouvel artiste Akim sa marraine artistique Sheila « Devant le Juke-Box ».

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LE FOLKLORE AMÉRICAIN

L’attaché de presse Umberto Petrucci « Mémé Ibach », se rendit chez les éditeurs pour essayer de trouver des chansons afin que le public retienne facilement. Il se trouva chez une éditrice Rolande Bismuth, directrice artistique de Michel Fugain, qui lui demanda en partant d’apporter un titre à Marie Laforêt. Il décida d’y aller le lendemain mais l’écouta le soir même. Finalement il ne l’apportera pas à Marie Laforêt, mais le fit entendre à Claude Carrère qui aima la musique. Ils en parlèrent au parolier Jacques Plante et celui-ci émit l’idée d’écrire « Le folklore américain », grâce à André Salvet qui récupéra la chanson en s’arrangeant avec l’éditeur Denis Bourgeois (Éditions Musicales Bagatelles). Il s’agit d’une reprise d’un square-dance que dansèrent les pionniers de l’Amérique de l’Ouest. Dans ce nouveau disque, on trouve « Dans la glace », puis « Tous les deux » d’après une mélodie jouée à la base au piano par le producteur qui demanda à Umberto Petrucci « Mémé Ibach » et André Salvet, de lui donner un titre de trois syllabes. Ils en proposèrent plusieurs dont « Si tu veux », « Tous les deux », etc. Sur la pochette est inscrit « Tous les deux », comme titre principal du disque. Mais dès la promo, Sheila fait sa première télévision avec l’autre face du vinyle « Le folklore américain » dans une ambiance « Far-West » en chemisier à jabots, jupe en daim à franges et bottes de country assorties et chapeau de cow-boy. Elle danse avec une chorégraphie de Jean Schmitt « Johnny Marie », accompagnée de celui-ci et des danseurs du Moulin Rouge. Le producteur commercialise la panoplie et un porte-clés qui représentent la tenue du « Folklore américain », par l’intermédiaire de La Boutique de Sheila distribuée par les Galeries Lafayette et les Succursales.

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Le 30 octobre 1965, la chanteuse inaugure le premier magasin parisien La Boutique de Sheila, au 31 avenue du général Leclerc à Paris 14è. Claude Carrère place la maman de l’artiste, en tant que directrice des ventes. La griffe de mode La Boutique de Sheila existe dans 40 points de vente en Europe et 7 magasins viennent d’ouvrir en France.

Le 17 février 1966, Sheila reçoit de nouveau l’ »Oscar Féminin R.M.C (Radio Monté-Carlo) » au même titre que le chanteur Adamo, au Palais de la Méditerranée à Nice, à l’occasion du gala de l’Association du Personnel en tant qu’artiste la plus populaire de la station monégasque.

Lien détaillé « Le folklore américain »

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LE CINÉMA

La chanteuse propose « Le cinéma » très « ukulélé », dont le texte évoque une jeune fille rêvant de jouer dans un long métrage. Ce titre est chorégraphié par Jean Schmitt « Johnny Marie », accompagnée de celui-ci et d’autres danseurs, vêtue comme les vahinés de Tahiti dans une robe à fleurs. Claude Carrère collabore avec l’auteur Georges Aber, pour « Prends la vie comme elle vient » chorégraphiée également en télévision. Celui-ci travaille principalement pour Sylvie Vartan et Johnny Hallyday.

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Lien détaillé : « Le cinéma »

Elle crée pour « La Boutique de Sheila » une bague à pendentifs, inspirée d’un cadeau de madame Rachel Zaoui surnommée « La Marquise », veuve de l’éditeur Raoul Breton.

Les magasins continuent de se construire un peu partout en France et d’ici la fin de l’année, se totaliseront à 24 ouvertures avec un bénéfice de 7 millions de francs.

Pour le premier anniversaire de mariage du célèbre couple Sylvie Vartan et Johnny Hallyday, le photographe Jean-Marie Périer organise le 12 avril 1966, une grande réunion de toutes les vedettes actuelles : Adamo, Richard Anthony, Antoine, Hugues Aufray, Michel Berger, Christophe, Claude François, Serge Gainsbourg, France Gall, Chantal Goya, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Monty, Sheila, les Surfs, Michèle Torr, Sylvie Vartan, etc. pour le fameux cliché historique dans le magazine Salut les Copains au Studio des Acacias à Paris 17è. Il manque quelques artistes, dont Frank Alamo retenu au service militaire, Pétula Clark restée aux États-Unis et Nino Ferrer en retard de 30 minutes. Ce jour-là, Michèle Torr se souvient d’une anecdote amusante, à propos de Sheila qui s’adressait à Jean-Jacques Debout « Oh Jean-Jacques, on est tous jaloux de ta Rolls !… » Il répondit avec humour et certainement un peu d’ironie « Et nous, on est tous jaloux de ton succès !… »

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BANG-BANG

Un autre grand classique parait pour l’été : « Bang-Bang ». L’auteur Georges Aber dût simplifier le texte, après un premier essai de la chanson. Claude Carrère n’était pas convaincu, pensant que le public pouvait le trouver compliqué. L’auteur Jacques Demarny participe au titre « Le pipeau », papa du compositeur Patrick Lemaître et collabore avec de nombreux artistes, dont Enrico Macias. Elle propose également « Le rêve », l’adaptation du célèbre « Daydream ». Claude Carrère commercialise une panoplie de déguisement, comprenant un costume de gendarme et de voleur a propos de la chanson « Bang-Bang », par l’intermédiaire de La Boutique de Sheila.

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TOURNAGE FILM « BANG-BANG »

Le 18 juillet 1966, la chanteuse-actrice commence le tournage d’un film avec Franco Fabrizzi, Gaia Germani, Jean Yanne, etc. Les titres prévus « Les aventures de Sheila », « Opération tendresse » ou « Première mission », sont remplacés par « Bang-Bang », comme le titre de son dernier 45 Tours pour une question de marketing. Il s’agit d’un long métrage que l’on peut classer en catégorie « Aventure Burlesque » ou « Humoristico Policière », dans le contexte du moment. Le film contient deux doigts de scénario et beaucoup de couleurs. L’histoire se passe en fonction du personnage public, puisque l’artiste joue son propre rôle « Sheila » mais en se mettant dans la peau d’une jeune fille d’aujourd’hui. Son partenaire l’acteur Brett Halsey est marié à la vedette Heidi Brühl ayant représenté l’Allemagne à l’Eurovision. Elle joue plusieurs scènes, dont une course poursuite en Mini-Cooper. Pendant 3 semaines, la chanteuse actrice tourne à l’Hôtel Embiez sur l’île de Bendor appartenant à Paul Ricard, grand ami de Claude Carrère, puis à Bandol, Le Beausset et Le Castelet, sous la direction du réalisateur et metteur Serge Piollet, remplaçant Yves Allegret prévu au départ. Des situations de tournage du film « Bang-Bang » sont très mouvementées, puisque suite à un enlèvement dans la foule, la chanteuse se trouve suspendue au filin d’un hélicoptère à 100 mètres du sol au dessus de la mer et sans doublure. A noter, la participation d’Henri Leproux et d’Umberto Petrucci (Mémé Ibach) qui remplace un comédien absent, dans un petit rôle de réceptionniste d’hôtel. Lors d’une fête, 300 kilos de confettis et de serpentins sont utilisés. Sheila fait une séquence à pédalo en mer avec une tempête mistral force 8, attaquée par des gangsters.

En août 1966, pendant 2 semaines, elle tourne d’autres scènes du film au Château de Lignières, appartenant également à Paul Ricard, vers Angoulême à Rouillac (Charentes-Maritimes). La demeure sert d’école de détective, pour les besoins du long métrage avec la participation de Robert-Noël Hubmann, sur les séquences des cartes à jouer et d’Hélène sa coiffeuse (Jacques Dessange).

A l’occasion de son anniversaire le 16 août 1966, Claude Carrère organise une grande kermesse au Château de Lignières. Il met en place cet événement et invite les 5.000 habitants du village, mais 8.000 personnes viennent participer à la grande fête dans une ambiance délirante. Tout une mise en scène se déroule en compagnie de la chanteuse, à qui l’on demande d’apparaître avec son partenaire collègue Brett Halsey au balcon du château. En toute ignorance, elle joue le jeu et reçoit les titres de « Grand Maître » de plusieurs confréries, dont celle du « Franc-Pineau », « Reine de la Rillettes » et « Princesse tu Talent et du Courage ».

En Septembre 1966, le producteur Claude Carrère embauche Blanche Picot, la maquilleuse du film « Bang-Bang » qui travaillera avec la chanteuse. Le nombre des adhérents du Club Sheila, augmente avec 43.875 fans dans 17 pays.

Le 7 septembre 1966, elle baptise au champagne une nouvelle collection de 13 variétés différentes d’œillets. A cette occasion, la chanteuse reçoit l’ « Œillet d’Or » et le titre « Reine des Œillets » à Nice par l’épouse du maire, madame Jean Médecin.

Lien détaillé : « Bang-Bang »

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RUE DE LA GLACIÈRE

Sheila achète 2 appartements situés au 18.20 rue de la Glacière à Paris 13è. Il y en a un pour ses parents au 7è étage et le sien au 8è étage, dans un immeuble neuf et moderne. Elle s’offre un 5 pièces de 90 M² avec terrasse, conçu par le décorateur Jean Dive.

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PRODUCTIONS CARRÈRE

Claude Carrère modifie le nom de son label « Productions Claude Carrère », en le résumant par « Productions Carrère ».

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L’HEURE DE LA SORTIE

Le producteur trouve toujours des excellentes idées pour les chansons. Il choisit un thème qui concerne le quotidien des français, travaillant au boulot tous les jours « L’heure de la sortie » chorégraphiée par Arthur Plasschaert style de « Véronique et Davina », avec la participation de la danseuse Janet Woolcoot, ex-femme du chanteur Claude François et compagne de Gilbert Bécaud. Claude Carrère coécrit un hommage à son public « Le plus joli métier du monde ». Sheila représente la fille moderne de l’époque que les jeunes adorent et classe « L’heure de la sortie » jusqu’au Japon.

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Lien détaillé : « L’heure de la sortie »

Lors de l’inauguration du 27 janvier 1967, par la chanteuse des usines Manufactures Saint-Marcel à Vernon sur Eure, le producteur négocie pour la fabrication des Tennis 13 (La Boutique de Sheila).

Le 5 février 1967, elle décolle de l’Aéroport du Bourget, baptisé « Vol Spécial Sheila Bang-Bang Paris, Nice, Paris » avec 80 journalistes, des photographes, à l’occasion de l’avant-première du film « Bang-Bang », pour y assister le 8 février 1967 à la projection du long métrage au Cinéma les Variétés à Nice, devant 3.000 personnes. La chanteuse est accompagnée de Brett Halsey, Serge Piollet, Jean Yanne, vêtue d’une robe de « La Boutique de Sheila ». A la fin du film, des fleurs de mimosas d’œillets tombent du balcon, accompagnés des emballages. Elle sort dans la foule, poussée, traînée, tirée et aidée par les agents de police…

Lors de sa présence à l’Exposition Tahiti du 23 février 1967, la compagnie aérienne U.T.A, la nomme « Citoyenne d’Honneur de Tahiti ».

Le producteur Claude Carrère installe ses bureaux dans un immeuble, au 14 rue Abraham Lincoln à Paris 8è.

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LA FAMILLE

Le producteur utilise une fois de plus, un thème en fonction du personnage. Il aborde le sujet de « La famille », puisque Sheila est devenue « L’idole des familles » avec un public de 7 à 77 ans. Jean Kluger coécrit « Impossible n’est pas français », rencontré par l’intermédiaire du parolier Georges Aber, il est le fils du chef d’orchestre Jacques Kluger et frère de Roland Kluger qui produira Plastic Bertrand. Le photographe Jean-Marie Périer participe à la pochette du disque. Depuis 4 ans, il apprécie beaucoup de travailler en compagnie de la chanteuse. Il aime son humour, sa gaieté authentique et sa vivacité à fond pour les expériences nouvelles. Elle est toujours prête à se moquer d’elle-même, d’après les idées extravagantes du photographe avec aplomb et naïveté. Il affirme que c’est une vraie vedette populaire, au sens noble du terme. En télévision, les titres « La famille » et « Impossible n’est pas français » sont chorégraphiés par Jean Schmitt « Johnny Marie », avec des danseurs.

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Lien détaillé : « La famille »

Claude Carrère négocie avec les chaînes de magasins Uniprix Helvétique Z.L.G, pour la distribution des produits « La Boutique de Sheila » à Zurich, Lausanne et Genève (Suisse).

Le film « Bang-Bang » sort le 19 mai 1967 à Paris, dans les salles l’Élysée Cinéma, le Miramar, le Moulin Rouge et le Paramount. Pour la première fois, une vedette de la chanson rapporte de l’argent au cinéma. Le film « Bang-Bang » fait 600.000 entrées en 15 jours, dans 35 villes de France. Petit à petit, il atteindra 850.000 et fera + d’un million et demi dans 80 salles en se retrouvant classé en 15è position de l’année 1967.

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ADIOS AMOR

Lors d’une nuit par beau temps, Claude Carrère coécrit « Adios amor » avec Jacques Plante. La chanson raconte l’histoire impossible, entre une jeune fille de bonne famille et d’un homme marié. Suite aux articles récents de la presse à scandales d’une romance possible avec l’acteur marié Brett Halsey, le producteur double le doute auprès du public. Pour la télévision, Sheila défend deux autres chansons chorégraphiées par Jean Schmitt (Johnny Marie) : « Le jour le plus beau de l’été » et « Tout le monde aime danser ». Le directeur artistique Just Jaeckin du magazine Mademoiselle Âge Tendre, s’occupe de la pochette du disque. Il deviendra réalisateur de films érotiques (Emmanuelle, Histoire d’O, L’amant de Lady Chatterley), etc. Le disque dépasse les frontières en se classant jusqu’à la première place en Turquie.

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Lien détaillé : « Adios amor »

Le producteur publie le 2 juillet 1967, un premier livre « Sheila par Sheila » rédigé par Huguette Debaisieux. Il se vendra à 12.000 exemplaires en 1 mois, puis 25.000 en supplément et totalisera jusqu’à 60.000. Les adhérents du Club Sheila chiffrent aux alentours de 48.000 fans. La Boutique de Sheila compte 26 magasins à travers la France, avec un nouveau slogan « Tout pour la jeune fille et tout pour que sa mère reste jeune ».

Le 20 août 1967, Hercule Mucchielli (Valoria Films) organise une nouvelle projection du film « Bang-Bang », à l’occasion de l’Opération Jeunesse et Plages pour les stations balnéaires de l’Atlantique, de Normandie et de Côte d’Azur, mais aussi à Paris et la proche banlieue de la petite ceinture dans 30 salles de cinéma.

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DISQUES CARRÈRE

Claude Carrère modifie le statut du label « Productions Carrère » en créant sa propre maison de disques « Disques Carrère », toujours en contrat avec les Disques Philips, pour la distribution et produira librement d’autres artistes. Le manager augmente les royalties de Sheila de 3 à 10 % du prix de gros par disque et toujours dans les mêmes conditions, du contrat d’exclusivité signé au départ. Il avance un chiffre raisonnable à la presse avec 7 millions de disques, comprenant les ventes en France (près de 5 millions) et à l’étranger, pour l’ensemble de sa carrière.

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LE KILT : UN SOU C’EST UN SOU…

DANS UNE HEURE

Le manager intègre deux nouveaux jeunes auteurs-compositeurs et interprètes : Eric Charden et Monty, rencontrés par l’intermédiaire de l’attaché de presse Umberto Petrucci (Mémé Ibach). Les chorégraphies de Jean Schmitt « Johnny Marie » sont très présentes avec des danseurs en télévision, pour « Le kilt » en tenue très écossaise, « Les papillons » et « Oh ! Mon dieu qu’elle est mignonne ».

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En 5 ans de carrière, Sheila reste N°1 des ventes dans la catégorie des vedettes féminines.

Lien détaillé : « Le kilt, un sou c’est un sou ! »

Chaque mois, les artistes s’amusent à jouer en tournant un roman photo pour le magazine Salut les Copains. Elle tourne « Les malheurs de Sheila » devant le photographe Tony Franck et réalisé par Luigi Castiglioni, avec la participation de sa maman, de son chien Miel, de l’arrangeur Jean Claudric, de l’attaché de presse Umberto Petrucci (Mémé Ibach), du chanteur Monty. La rédaction y rajoute des clichés de Sylvie Vartan et Hugues Aufray, pour un dialogue déguisé.

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QUAND UNE FILLE AIME UN GARCON

DALILA 

Sheila enregistre « Quand une fille aime un garçon », qui devait être l’adaptation de Percy Sledge « When a man loves a woman » mais Johnny Hallyday le fera bien avant avec « Quand un homme perd ses rêves ». Claude Carrère lui propose « Le grand défilé » qu’elle interprète de façon joyeuse, chorégraphié par Jean Schmitt « Johnny Marie » avec des danseurs en télévision et « Dalila » la reprise du grand succès de Tom Jones « Delilah ». Pendant les grèves du printemps, les artistes souffrent du système de boycottage, alors que le public réclame par courrier les « Johnny, Sylvie, Cloclo, Sheila, Françoise, France Gall, Mireille Mathieu ». Les magasins « La Boutique de Sheila » se portent à merveille, avec un chiffre d’affaires de 510.000 francs.

Lien détaillé : « Quand une fille aime un garçon »

Claude Carrère organise avec sa tante Alice, gérante d’une entreprise de cosmétique, la création d’une crème « Sheila Dermine » par l’intermédiaire de « La Boutique de Sheila » et son slogan « Sheila dermine, c’est naturel… », pour des produits distribués dans les parfumeries, les pharmacies et les grands magasins.

Le représentant d’Europe, Mike Hennessey, de la plus grande revue internationale du disque le Billboard lui remet le « Trophée de l’Oscar de la Meilleure Chanteuse (1967-68) », en présence de Claude Carrère pour son succès discographique en France, mais aussi en Espagne et au Québec du dernier 45 Tours.

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PETITE FILLE DE FRANÇAIS MOYEN

Le producteur demanda au parolier Georges Aber ce que représentait pour lui, le personnage Sheila. Il répondit « Une petite fille de français moyen ! » et Claude Carrère voulut reprendre cette expression pour en faire le titre d’une chanson. Il entama une mélodie au piano et Georges Aber y nota les bases, en essayant de terminer le texte. Le lendemain, ils se donnèrent rendez-vous dans la maison de campagne du manager vers Orvilliers, pour terminer le titre. N’arrivant pas à le finir, ils se baladèrent en vélo et réussirent à en faire quelque chose. Sans le savoir Claude Carrère fera fort avec « Petite fille de français moyen ». Lucien Morisse (Europe 1) refusa de diffuser la chanson sur l’antenne, sachant ce qui venait de se passer dans les rues de Paris, entre les jeunes et les C.R.S. Monty insista en disant que ça remettrait un peu de gaieté en France. Le titre deviendra un succès immédiat. Johnny Hallyday l’entendit et en discuta avec Georges Aber. Il trouva étonnant que ce soit un tango et surtout surpris par le choix du producteur, pour ce genre de musique tout en fredonnant le titre. Le parolier n’osa pas lui avouer en être le coauteur, mais le chanteur sait qu’il travaille pour elle et devine en répliquant  « Tu n’aurais pas fait ça toi… ! » Petit à petit la presse la surnomme « Petite fille de français moyen », pour en faire leurs gros titres. Dans ce disque il y a une valse « Isabelle » coécrite par Gérard Layani. Claude Carrère le rencontra par l’intermédiaire d’Alain Boublil, qui l’emmena chez le producteur. Alors que les jeunes manifestaient pour la libération sexuelle avec le slogan « Faîtes l’amour, pas la guerre », Sheila interprète le mariage traditionnel « La petite église » coécrit par Alain Boublil. Pour la première fois, il y a quatre titres avec des mélodies et des textes originaux, sur des créations exclusivement françaises.

Elle apprend à danser le tango avec Michel Gelot, pour la chorégraphie de « Petite fille de français moyen ».

Lien détaillé : « Petite fille de français moyen »

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LA VAMP

LONG SERA L’HIVER

Le manager métamorphose la petite fille de français moyen en femme libérée avec « La vamp » chorégraphiée par Jean Schmitt « Johnny Marie », habillée en mini-jupe et cuissardes rouges avec des danseurs. L’après mai 68 vient de révolutionner beaucoup de choses. Il y ajoute « Oui c’est l’amour » chorégraphié également, en évoquant le côté d’une libération sexuelle sans le dire ouvertement. Afin de garder le côté sage de ce disque, on y trouve « Long sera l’hiver », puisque Sheila reste avant tout le public des 7 à 77 ans.

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Les 45 magasins La Boutique de Sheila en France, fonctionnent avec 200.000 francs de bénéfices.

Lien détaillé : « La vamp »

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ARLEQUIN 

Après « La vamp » moderne, Claude Carrère décide de revenir à la chanson traditionnelle et populaire. En mars 1969, il lui propose « Arlequin » destiné aux enfants et à la famille, qui fait partie des succès du printemps. Sheila le fait dans la joie et la bonne humeur, chorégraphié en télévision par Jean Schmitt « Johnny Marie » avec des danseurs. Plus tard, elle avouera que ce n’est pas, ceux qu’ils ont fait de mieux. Le producteur double le risque en évoquant sa vie privée, sans le dire ouvertement pour « Sheila la la » où une jeune midinette rencontre un garçon sensationnel. Il y a également « Quelqu’un et quelque chose » avec « Pierre est un jeune étudiant du quartier, seul dans sa chambre, il reste à travailler pour préparer sa licence en droit… » puis un peu plus loin « Annie est vendeuse dans un grand magasin, elle ne sort guère… » Le public ne le sait pas pour l’instant mais d’ici l’année prochaine, il constatera que les cours de tennis en compagnie du professeur Pierre Cohen, se transformeront en amitié et surtout en histoire d’amour. La chanson est coécrite par Jacques Monty, ami très proche de la chanteuse et du fiancé caché.

Lien détaillé : « Arlequin »

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LOVE, MAESTRO, PLEASE

LA COLLINE DE SANTA-MARIA

Sheila attaque la promo de « Love maestro please », une chanson romantique avec beaucoup de cordes et de cuivres. Pour ce nouveau disque, on trouve la présence de Daniel Vangarde, coauteur de « Fernando ». De son vrai nom Daniel Bangalter, il est le père d’un des membres du futur groupe les Daft Punk. En télévision, elle interprète également le titre très baba cool « La colline de Santa-Maria » chorégraphiée par Jean Schmitt « Johnny Marie » avec des danseurs, habillée d’une tunique verte, bandeau autour de la tête et pantalon à fleurs du modéliste tropézien Jean Bouquin, qui habille Brigitte Bardot.

Lien détaillé : « La colline de Santa-Maria »

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ONCLE JO

L’artiste présente « Oncle Jo », une chansons style jazz de la Nouvelle-Orléans chorégraphié par Jean Schmitt « Johnny Marie » avec un numéro de claquettes en sa compagnie et en version spéciale longue pour la télévision, vêtue en costume « La Boutique de Sheila ». Sheila propose « Une petite pensée pour toi » très jerk et très pop, et « Du côté d’où viendra le jour » complètement dans le mouvement hippie.

Lien détaillé : « Oncle Jo »

Claude Carrère embauche une collaboratrice Josette, qui devra être présente à chaque déplacement de Sheila que ce soit aux émissions de télévisions et de radios, aux interviews pour la presse, etc. Petit à petit, la nouvelle recrue deviendra sa meilleure amie et confidente. Elle remplace un peu les tâches de l’attaché de presse Umberto Petrucci « Mémé Ibach », accaparé par ses activités d’auteurs auprès de Monty, Hervé Vilard, etc.

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Publié dans : ||le 11 avril, 2020 |2 Commentaires »

2 Commentaires Commenter.

  1. le 12 mai, 2021 à 19:00 LMarsick écrit:

    Bonjour,
    Bravo pour cet article très détaillé. Si je puis me permettre il comporte une erreur lorsque vous signalez le feuilleton sur Radio Luxembourg « les aventures extraordinaires de Sheila ». Il n’a pas été diffusé dans l’émission Balzac 10-10 tout simplement parce que Balzac est créée en 1966 lors que Radio Luxembourg devient RTL. Par ailleurs, il n’a pas démarré en janvier mais le 2 avril 1964, mis vous parliez j’imagine de la date d’enregistrement. :)

    Répondre

    • le 15 août, 2021 à 18:56 ondit écrit:

      Merci pour cette précision.
      Je parlais bien de la date de l’enregistrement.
      J’avais trouvé le nom de « Balzac 10-10″, car lors de sa participation vers mai 1964, elle reçut le « Lion Balzac » en grandeur nature.

      Répondre

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